SOMNEMBULE, 2020

Somnembule

Mon enfant, ce n’est pas banal,
Tu vis la nuit, les yeux fermés
Dans des palais dont tu dévales
Les invisibles escaliers.

Tu parlais en marchant sans guide
Et sans mémoire vers des abris
Que seuls soutiennent l’ombre et le vide.
Là-bas, il semble que tu pries.

Petite, il faut que tu expliques
Les pièges où jamais tu ne tombes,
La magie noire que tu pratiques,
Quel chromosome s’éveille en trombe.

Reviens ! Il faut que tu effaces
L’erreur génétique qui beugle,
Comme un monstre sous la surface
De ta rétine d’enfant aveugle
Qui voit.


Où vais-je lorsque je dors ?

Il n’y a qu’au réveil que j’étais endormie.
Avant, il n’y a rien d’autre que mon corps.

Où ai-je été pendant la nuit ?

Reprend toujours, la veille de mes pensées,
L’ancienne conscience de mes songes.

S’est-on parlé dans le noir ?

Reviennent le jour et la suite de mes idées.

Si je ne suis pas où je m’allonge,
Peut-on s’apercevoir ?